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Convoyage OVNI 370 Mexique - Bretagne

Publié le : 28 janvier 2022 à 18h50

Parcours de Mujeres aux Açores

Après l'année 2020 impactée par le Covid, l'année 2021 commence doucement également. Mais à partir du mois de mai. Un beau programme m'est proposé : ramener un OVNI 375 de l'île de Mujeres sur la côte Caraïbe du Mexique vers Arzal en Bretagne.

Distance 4600 milles. 37 jours de traversée de Mujeres à Terceira aux Açores, puis 9 jours des Açores à Arzal sur les bords de la Vilaine. Soit 46 jours de navigation au total...beaucoup de bons souvenirs mais aussi quelques mises à l'épreuve sont au rendez-vous !

1/ La préparation au Mexique :

L'île de Mujeres est située au niveau du détroit du Yucatan marquant la frontière entre mer des Caraïbes et le golfe du Mexique.

L'endroit est magnifique et le mouillage immense et bien protégé. Ici règne le tourisme de masse avec des va et vient constants de navires à passagers avec leur hauts-parleurs bruyants. C'est malheureusement un endroit un peu surexploité au niveau tourisme. Heureusement le mouillage de Malika, OVNI 375 est un peu en retrait par rapport au chenal. Le soir en revanche c'est calme avec un beau paysage de mangrove et des couchers de soleil superbes. 

Couché de soleil sur l’ile de Mujeres

Pompe à eau moteur Yanmar

Nous aurons besoin de deux semaines de préparation auxquelles viendront s'ajouter une semaine d'attente pour avoir une bonne fenêtre météo afin de traverser le détroit de Yùcatan, le golfe du Mexique puis le détroit de Floride.

Au cours des 2 semaines de préparation, il faudra prévoir l'avitaillement pour une traversée de 3300 milles directement jusqu'aux Açores. J'aurai bien voulu m'arrêter aux Bahamas ou aux Bermudes, mais en avril 2021, ni moi ni mes équipiers n'avons pu nous faire vacciner contre le Covid au départ de France. Par contre l'escale dans ces deux pays est inenvisageable sans vaccin, à moins d'être mis en quarantaine pendant plusieurs jours à l'arrivée et de payer les tests une fortune....

Pendant la préparation, je dois changer la pompe à eau du moteur. Le joint séparant la cage du rotor et la pompe est usé, l'eau fuite par ici et ne refroidit plus le moteur....heureusement que ça nous arrive après une petite sortie d'essai sous le vent de l'île, et non dans la mer houleuse du golfe du Mexique...et puis heureusement que les propriétaires avaient prévus beaucoup de rechanges à bord...y compris une pompe neuve! Bravo.

Cette période de préparation est l'occasion de préparer mon équipage débutant.

Je commence par des séances de manœuvres des voiles au mouillage chronométrées afin d'instaurer un travail d'équipe cohérent et de les familiariser avec le piano, les écoutes...envoi de GV, affalage, prise de ris, largage de ris, simulation de virements de bord...

Puis nous ferons 2 journées d'entraînements en mer sous le vent de l'île, au calme...c'est aussi l'occasion de rappeler les procédures de sécurité en cas d'incendie, voie d'eau, attaque pirates, gros temps, démâtage, avarié de barre, consignes pour la veille de nuit....

La progression est rapide car Vianney et Julia, même s'ils sont débutants, sont vifs et sportifs..ça va bien se passer.

L'attente de la bonne fenêtre météo paraît longue. Une semaine alors que nous sommes prêts...oui mais les éléments sont contraires et le golfe du Mexique doit être traversée avec prudence....

Nous aurons ainsi le temps de visiter le site Maya de Tulum! Quel régal !

Iguane sur les ruines MayaPlage de Tùlum
Plongée lagon Mexique

Enfin nous ferons une plongée palmes, masques, tuba au-dessus d'un récif.

L'occasion d'admirer une très belle arche sous-marine peuplée de multiples poissons.

Ancre perdue au fond du lagon de MujeresArche sous-marine Mexique
Couché de soleil Mexique

Finalement la fenêtre météo n'arrive pas comme prévu. Nous ne pouvons pas envisager de sortir d'un coup du golfe du Mexique et du détroit de Floride. À cause des restrictions Covid aux Bahamas et aux États-Unis, une escale est trop compliquée à envisager car nous ne pouvions pas nous faire vacciner avant le départ faute de vaccins disponibles en France à ce moment-là....

Par conséquent je décide de profiter de ces quelques jours de temps "maniables" pour partir du Mexique et passer le redoutable détroit du Yucatan et son courant monstrueux...

Le temps de profiter d'un dernier couché de soleil Mexicain, nous irons au mouillage à Cuba!

 

Mujeres - mangrove de Cayos de la Lena, 🇨🇺 

Nous partons le 17 mai 2021 après 3 semaines à Mujeres.

Le chenal nous fait passer à quelques mètres de la playa del Cocal à côté de la ville.

Nous avons passer de bons moments ici.

OVNI 375 au mouillage à Mujeres MexiqueDépart du MexiqueRues à Mujeres
Mangrove à Cuba

Passé la pointe Nord de Mujeres nous entrons dans le détroit.

La mer est bien grosse et éprouvante pour mes équipiers qui sont tout de suite placés face à la réalité de la vie en mer. Mais ils tiennent bons. C'est là où les séances d'entraînements portent leurs fruits car ils savent ce qu'ils ont à faire ce qui contribue largement à leur endurance pendant cette traversée de 125 milles jusqu'au mouillage à l'extrême Ouest de Cuba.

J'avais bien lu et entendu que le détroit comporte un courant monstrueux de 5 noeuds portant vers le Nord. Mais la réalité reste impressionnante...alors comment faire route au 70 c'est à dire vers l'Est avec une telle dérive latérale ?
J'utilise une bonne technique qui consiste à prendre appui contre le courant pour orienter la dérive dans la bonne direction. Le vent venant du Sud Est je serai obligé d'utiliser le moteur. Je pointe l'étrave du bateau à 30° de l'axe du courant soit un cap au 150°.

Je cale la puissance afin "de pousser le courant" avec une vitesse surface d'environ 5 noeuds. Il résulte de cette opposition une dérive latérale perpendiculaire à l'axe du courant soit au 90° pour une vitesse fond de 2,5 noeuds....certes ce n'est pas très rapide mais au moins cela permet de traverser la première moitié du détroit sans être chasser vers le Nord ...des plaisanciers m'ont témoigné n'avoir pas réussi à rejoindre Cuba à cause de ce courant! J'avais appris la technique décrite ci-dessus en navigant en Manche à mes débuts...et puis c'est une technique aussi importante dans le programme de formation du Yachtmaster RYA notamment pour les manœuvres de port face à un gros courant...ce qui compte c'est de bien orienter l'étrave à au moins 30° de l'axe du courant pour que celui-ci prenne appui sur lui, mais sans dépasser 45° sinon le bateau "tombe" et se met travers au flux....

Nous faisons donc 60 milles en 24h! Au milieu du détroit le courant baisse nettement en puissance. Nous allons alors directement vers le cap San Antonio. Cette fois les voiles sont opérantes. Nous faisons un bon près en route au 70°.

Juste avant de rentrer dans le golfe de Guanahacabibes, je vois approcher un énorme grain bien sombre. Juste le temps de prendre 3 ris et nous nous retrouvons dans une purée de pois pendant quelques minutes. Nous ne voyons plus rien dans ce nuage bas chargé de pluie, mais la survente n'est pas trop violente, seulement 30 noeuds.

Nous arrivons enfin dans la mangrove de la Lena, et là nous changeons d'univers...

 

Mangrove de la Léna CubaA bord du voilier OVNI 375 à CubaConvoyage voilier mangrove
Convoyage voilier golfe du Mexique

La mangrove c'est le monde du silence, des palétuviers, des hérons, des crabes...quel bonheur ici!

Je pourrais rester ici des mois pour contempler, lire un livre ou en écrire un. Le village de Los Morros situé à 5 milles est très reculé. Il y a quelques pêcheurs avec leurs barques peintes...et c'est tout, mais c'est très bien!

Bon bien sûr il y a aussi les moustiques surtout à la tombée du jour...mais c'est un moindre mal. Après ces 3 dernières semaines de préparation, d'entraînement, puis de traversée houleuse du détroit de Yùcatan, nous apprécions cette détente.


Nous resterons 4 jours pour attendre la fenêtre météo nous permettant de sortir du golfe du Mexique et du détroit de Floride.

Le départ de ce monde hors du temps se fait par un matin calme. Nous ressortons de la baie et retrouvons le golfe du Mexique. À noter qu'entre ces deux plans d'eau, il faut passer un talus sous-marin, faisant passer en moins d'un mille d'une profondeur de moins de 10 mètres dans la baie à plus de 1000m dans le golfe...autant dire qu'il faut passer cette frontière naturelle avec une météo calme afin d'éviter des vagues déferlantes...

 

Courants marins golfe du Mexique

La navigation dans le golfe se fait par mer calme. Nous devons beaucoup appuyer au moteur.

Il y a beaucoup de trafic à l'approche de la pointe Sud de la Floride.

Puis nous profitons d'une belle petite brise venant d'Est nous permettant de faire voile travers au vent pour remonter cap au Nord vers la sortie du détroit de Floride.

Le courant est fort et nous avançons très vite.

La ville de Miami vue du détroit de Floride

Cette traversée du golfe sera aussi émaillée par un certain nombre de soucis techniques.

Une partie du safran est relevable sur les OVNI grâce à un vérin hydraulique. Celui-ci ne remonte plus dès notre arrivée à Cuba malgré un bon niveau du liquide. Malgré plusieurs tentatives, et un bon nettoyage du safran en plongée à Cuba, rien y fait, l'articulation est bloquée. Étant donné que l'objet de cette expérience est de ramener ce bateau au propriétaire en Bretagne, je laisserai en position basse le safran et la quille tout au long du trajet.

Le navigateur extérieur cesse de fonctionner et nous devons barrer toute une nuit car le pilote est totalement dépendant de cette centrale de navigation (pas prudent comme dispositif!). Le lendemain je résolu le problème par le changement d'un fusible.

Le moteur cesse de recharger les batteries. Je refais la connexion de l'excitateur et tout va bien...

l'évacuation de l'évier est bouchée et nous devons démonter et retirer une grosse quantité de M...e!

les feux de navigation nous lâchent en plein chenalage en Floride....il y a urgence! Heureusement nous sommes équipés de feux à main que je fixe sur les balcons..Je refais toute le câblage des feux avant...

La fixation de l'anémomètre tombe à l'eau...malheureusement à l'inspection, lorsque j'étais monté en tête de mât au Mexique, les fixations d'antennes étaient hors de portée, bien au-dessus de la limite maximum de visibilité. Voilà pourquoi je conseille toujours à mes clients de faire vérifier leur navire à sec, mât démonté, et de le faire inspecter par un technicien avant d'envisager le convoyage. Car le skipper ne peut pas démonter toutes les pièces du navire pour s'assurer de leur fiabilité. Il faudrait 3 mois de préparation à chaque fois...et puis nous ne sommes pas habilités ni assurés pour démonter les mâts, les moteurs ou les installations électriques...

Autant d'avaries simples en peu de temps jettent un trouble dans l'équipage car nous avons la sensation de naviguer sur un bateau mal entretenu...et malheureusement le plus grave est à venir...en revanche il est très bien équipé de pièces de rechanges, ce qui est essentielle car on ne peut de toutes façons pas envisager de faire une transatlantique sans avoir quelques problèmes techniques. Sur les longues navigations cela arrive toujours...

Nous passons au large de Miami que nous apercevons au soleil couchant. La mer est très calme. Le courant nous propulse hors du détroit. Je profite de ce courant pour économiser le moteur qui en l'absence de vent tourne à bas régime. Nous produisons 2,5 noeuds en surface. Mais grâce au courant nous filons à 7 noeuds sur le fonds...

Tout est réuni pour passer une belle nuit calme....sauf que vers minuit nous sommes abordés par surprise par les gardes côtes américains qui allument leurs feux au dernier moment!!! stupeur de mon équipier de quart qui m'alerte tout de suite.

Le contrôle sera rapide et courtois. En fait ils veulent surtout voir si nous avons des migrants à bord. Contrôle des papiers, de mon brevet de skipper professionnel et de la procuration signé par le propriétaire m'autorisant à naviguer sur son navire et en son absence, vérification de la présence de la survie des gilets de sauvetage (pour moi et l'équipière qui n'étions pas de quart)...tout est bouclé en 15 minutes. Avant de partir l'officier me donne un papier signé certifiant de ce contrôle effectué avec date et heure afin de le montrer à d'autres gardes côte qui pourraient venir d'ici notre sortie du détroit....bref c'est très bien organisé tout ça ! Nous sommes dans les eaux internationales et nous n'allons pas aux États-Unis, notre arrêt à Cuba ne pose donc pas de problème !

 

Enfin après une semaine de navigation depuis Cuba, nous sortons du détroit, tout va bien, nous voici enfin en Atlantique !!! Nous sommes heureux !

 

Parcours convoyage Atlantique Nord

La météo nous amène à passer devant le cap Hatteras puis au Nord des Bermudes 🇧🇲, afin de trouver les vents d'Ouest. Avant cela ce sont près de 900 milles de pétole!

Nous sommes partis du Mexique avec une bonne réserve de gasoil. Mais le niveau baisse et il faudra être prudent. Mais pour l'instant je décide d'en utiliser car nous sommes dans une zone sans vent et qui va le rester. Il faut absolument atteindre la latitude 35°N ensuite nous aurons de l'air et surtout nous serons toujours sur la trajectoire pour en avoir.

Il ne sert à rien de vouloir économiser du gasoil dans les latitudes des "Dead horses " car on peut se condamner à attendre le vent longtemps...très longtemps ! Tandis que plus au Nord, il peut toujours y avoir des périodes de calme au mois de juin, mais on peut alors se permettre d'attendre car ça ne dure pas!

Les Dead Horses est une expression marine qui caractérise deux zones similaires dans les hémisphères Nord et Sud. Il s'agit de zones tampons entre les vents d'Ouest et les alizés. Ces zones peuvent varier et s'étendre plus ou moins en fonction des saisons. Cette expression vient du fait qu'autrefois, lorsque les navires Espagnols naviguaient dans ces parages au retour des Amériques, ils étaient encalminés pendant des semaines ce qui obligeait parfois les nobles à faire abattre leurs chevaux pour nourrir les hommes! 
heureusement aujourd'hui on en arrive pas à de telles extrémités! D'abord parce que sur cet OVNI 375, nous n'avons pas embarqué de chevaux, ensuite car nous avions fait un bon avitaillement au Mexique et enfin car nous avons un bon moteur pour nous sortir de cette zone! Comme nos navigations sont très confortables de nos jours!

Les différentes zones climatiques

Nous passons donc bien au Nord des Bermudes. Nous avons une grosse mer et naviguons sous 2 ris par 25 noeuds de vents. C'est loin d'être une tempête mais nous arrivons à une latitude qui a été balayée par l'une d'entre elles il y a quelques jours et la mer est restée très grosse.
Et c'est là que commence les vrais problèmes. Le sertissage (c'est à dire la fixation) du bas-hauban tribord est en train de lâcher. Plusieurs torons d'acier sont déjà sortis de leur logement ce qui signifie que le câble est prêt à lâcher.

Je réduit au maximum la GV et le génois. Heureusement les OVNI sont équipés d'un gréement de secours avec haubans en textile et étai largable qui peut être fixer sur le mât pour renforcer la tenue de celui-ci. Il faut monter au mât mais il fait nuit et la mer grosse.

Je sais que la météo du lendemain prévoit une accalmie et je décide donc d'attendre pour intervenir. Je suis inquiet mais c'est le mieux à faire!

Le lendemain matin j'ai eu le temps de bien préparer mon équipement. Les 2 extrémités des haubans textiles sont attachés à mon baudrier, et nous allons nous servir d'une drisse pour envoyer l'étai quand je serai à poste. Les points de fixation du gréement de secours sont situés légèrement plus haut que le point de fixation du bas-hauban endommagé, mais ça va permettre de le soulager.

La mer est encore un peu agitée mais beaucoup moins que la veille.

Le temps de bien briefer une dernière fois mes équipiers qui vont me hisser. Un au piano, l'autre en pied de mât plage avant pour faire passer l'étai de secours.

Sur le navire d'un vieux tourdumondiste je me souviens que j'avais vu un casque de moto. Naïvement j'avais demandé à quoi cela pouvait bien servir sur un voilier? Le vieux marin m'avait rétorqué que le jour où j'aurai besoin de monter au mât en mer, je comprendrai!

Exact je comprends !!! Comme ça bouge là haut. Mes 2 haubans ont bien suivis sans s'emmêler. Il y a 2 encoches de chaque côté du mât qui permet une pose très rapide. Puis mon équipière me fait parvenir l'étai. Juste le temps de retirer la goupille et l'axe de la fixation puis de les remettre en place et voilà c'est fait !!!ouf je peux redescendre.

A la descente j'en profite pour enrubanner les torons métalliques sortis de leur logement avec du scotch super résistant afin qu'ils ne risquent pas d'endommager la Grand voile et voilà c'est fini, je suis de retour sur le pont.

Il reste à installer les palans permettant la reprise de tension des haubans. La tension de l'étai est reprise par un croc "pélican".

Ouf bien content d'en avoir terminé avec cette manœuvre. Ça tiendra comme ça jusqu'à Arzal. Le chef du chantier OVNI nous dira à l'arrivée que les haubans et étais auraient dû être changés avant...eh oui on est bien d'accord!

À partir de là nous naviguerons toujours avec au moins 1 ris.

Gréement de secoursPalan de reprise du hauban tribord
Galère portugaise Atlantique Nord

Nous continuons vers les Açores. Il nous reste 1400 milles d'ici Florès.

Notre surveillance du gréement est continuelle mais je suis confiant. Heureusement je suis équipé d'une balise de géolocalisation qui permet également d'échanger des messages avec la terre. Le propriétaire nous informe régulièrement de l'évolution de la météo.

Nous passons à moins de 500 milles au Sud du banc de Terre-Neuve.

Nous avions fait un bon avitaillement au Mexique. Nous avons encore des fruits en quantité notamment des pamplemousses et une grosse pastèque qui se conservent longtemps.

Des œufs également. J'apprends à mes équipiers comment vérifier qu'un oeuf est comestible. Il faut plonger dans un bol d'eau. Trois possibilités : soit l'oeuf remonte à la surface et il n'est plus consommable, soit il "s'allonge" au fond et il est frais, soit il est debout mais touche encore le fond et là il est à la limite....

Nous verrons des dauphins et un cachalot...mais sinon pas de baleine!

En revanche nous voyons depuis le détroit de Floride une quantité incroyable de Méduse à la surface. Ce sont des "galères portugaises" ou "vessies de mer". La surface de l'eau en est envahie!! C'est pourtant une espèce réputée pour vivre dans les eaux tropicales...nous les voyons à des latitudes tempérées ! Réchauffement climatique? Certainement...

Grâce à notre contact à terre, nous éviterons 2 grosses dépressions en nous déroutant plus au Sud que la route directe. Cette balise qui permet d'avoir la météo en plein milieu de l'Atlantique est précieuse!

Elle permet aussi d'avoir et de transmettre des messages à nos familles. Attention toutefois, car ce genre d'appareil comporte un piège ainsi je vais le rappeler à un équipier qui s'en servait un "peu trop près du bord du bateau "... En effet si c'est très confortable, rassurant et sécurisant d'avoir un contact permanent avec des proches, il faut néanmoins avoir à l'esprit qu'il faut à tout prix éviter que cette ne tombe à l'eau et soit perdue...en effet dans ce cas de figure, nous contacts n'auraient alors plus aucune nouvelle et le point mis à jour toutes les 4heures par satellite sur la carte visible sur internet resterait fixe... et c'est là que commencerait les problèmes auxquels tous les équipages doivent être conscients. Quel peut-être la pensée et la réaction de notre lien à terre qui n'a brusquement plus aucune nouvelle ? Les heures défilants, il sera obligé de se dire qu'il y a un problème vital et il devra contacter le CROSS Gris-Nez qui est l'autorité qui centralise les opérations de recherches et sauvetage des navires Français à l'étranger.

Inévitablement ils déclencheraient les opérations, déroutant des cargos, ou envoyant un avion ou un hélicoptère de recherche, tout ça pour une balise tombée à l'eau!🤔

Autant dire que ce type d'opération coûte extrêmement chère !!!! et il est fort probable que le skipper aurait droit à une amende...il faudrait quasiment prévoir une balise de rechange...

 

Atlantique Nord archipel des Açores

À seulement 250 Milles de Flores (2 jours) je suis obligé de laisser le bateau sans propulsion dans la pétole. Il ne reste pas suffisamment de gasoil pour faire cette distance au moteur et je ne veux pas descendre en dessous d'une certaine limite dans le réservoir car je me méfie toujours de la qualité du gasoil en fonds de cuve!

Autant dire que c'est dure pour mes 2 équipiers qui font actuellement leur 1ère transat. Eh oui il faut encore et toujours être patient et même lorsqu'on croit être arrivé...et bien il faut encore attendre que le vent daigne se lever un petit peu...pourtant on est pas loin!

3000milles parcourus en 34 jours, depuis le Mexique sans mettre pied à terre (à Cuba nous sommes restés au mouillage car on ne pouvait pas faire les formalités), il nous en reste 200!!!

Enfin le 19 juin, Florès est en vue. L'île est très vert et montagneuse !

Revoir la terre après une longue traversée est toujours un grand moment d'émotion.

Nous pensons à notre programme à l'arrivée : formalités, nettoyage du bateau, avitaillement, douche à l'eau douce!, resto, bière et vin portugais !!!

Nous entrons au port, et je remarque tout de suite qu'il n'y a pas de mât qui dépasse dans la marina et puis il y a une grosse barge et une grue dans l'axe d'entrée. À la VHF une personne aimable me dit que le port est fermé car en travaux !!!après avoir autant rêver de cet instant, c'est une déception 😞 

Route aux Açores

Autre problème, le vent vient de la direction de Faial...que faire? tirer des bords ? Ben oui on a pas assez de gasoil! Je ne le sens pas et puis je sais qu'à cette saison (juin), Horta est bondé de plaisanciers même au mouillage dans l'avant port. Nous risquons donc encore une déception. Ça me plaît pas.

Je me souviens qu'au Mexique j'avais discuté avec un marin habitué des Açores et qui projetait d'aller mouiller à Praia do Vitoria sur Terceira, car selon lui il y a toujours de la place au mouillage...et puis un coup d'oeil sur la carte me permet de voir que nous pouvons tirer un bord de près, direction plein Est, passer au Nord des îles centrales, Faial, Pico, Sao Jorge, Graciosa et enfin Terceira. Ensuite il suffira de virer pour finir cap au Sud et descendre le long de la côte Est de Terceira où se situe Praia!

La route est plus longue, 240milles, mais c'est plus sûr.

Flores AçoresPavillon PortugaisTerceira Açores
Terceira Açores

Enfin nous arrivons au mouillage dans l'avant-port de Praia do Vitoria après 37 jours de traversée depuis le Mexique. Il faut faire les tests Covid et rester à bord avant d'avoir les résultats. Nous avons ensuite la chance d'avoir une place dans la marina.

Comme c'est bon de se dégourdir les jambes! Nous sommes heureux, et trinquons le soir à la santé du bateau et à notre réussite !

Nous passerons 6 jours d'escales à Praia...

Le paysage est moins spectaculaire qu'à Flores, mais ici c'est vert, pastoral.. les murs de pierres de lave, les bâtiments de style colonial, la ville d'Angra do heroismo inscrit au patrimoine mondial, les balades dans la verdure....

les Açores sont des îles très exploitées par l'agriculture, mais ici cela donne une atmosphère paisible. Et les produits sont de bonnes qualités : fromages, légumes, charcuterie, vins....après un mois de mer c'est un vrai plaisir !

Terceira Island

Et puis il y a la convivialité des habitants, les pastellerias vendent ces fameux pasteis de nata traditionnels au Portugal qui sont des petits flans ronds accompagnés par un "sumo de laranja" le savoureux jus d'orange pressé naturellement sucré..

Nous ferons quelques sorties au "Sabores Caseiros da li" sur le port qui est à la fois un très bon restaurant et un bar de nuit très sympathique.

 

Bâtiments coloniaux PortugaisStatue de Vasco de GamaCathédrale de Angra do Heroismo
Convoyage voilier Açores - Bretagne

Et puis il faut penser à la suite du parcours. Nous avons encore 1200 milles à parcourir pour atteindre Arzal.

La 1ère priorité est de faire vérifier le gréement. Le technicien me confirme que les haubans en textile de secours permettent de bien sécuriser la tenue du mât malgré le bas-hauban affaibli. Il me conseille toutefois de naviguer jusqu'à Arzal avec une bonne météo et sous-toilé...c'est bien mon intention et c'est pourquoi je refais le plein complet de gasoil, réservoir + 100l en bidons...et il faut pouvoir être autonome au moteur en cas de nécessité.

Remplacer le bas-hauban n'était pas envisageable pour le propriétaire. Il y a des difficultés d'approvisionnement logistique auquel il faut ajouter le coût d'acheminement des pièces. Et puis changer un seul hauban n'a pas de sens. Il faut remplacer l'ensemble afin d'établir un nouvel équilibre...c'est décidé nous continuerons comme ça. J'en informe mes équipiers, ils sont bien sûr libres de débarquer car il y a un risque...

Mes équipiers se chargent de l'avitaillement car ils continuent! les braves!
Ici la nourriture est très bon marché. Nous avons envie de nous faire plaisir. Mes 2 équipiers se débrouillent bien en cuisine.

 

Enfin nous appareillons le 27 juin.

 

 

Convoyage voilier golfe de Gascogne

Pendant 3 jours nous prenons une route pleine Est en direction de Lisbonne car il faut éviter une dépression bien active qui passe plus au Nord et va ensuite remonter vers la France.

Le plus important est d'atteindre au moins la Galice et passer au Nord du Cap Finisterre. À partir de là il y a des solutions d'escales et il ne restera ensuite que 3 jours. Donc on pourra compter sur une bonne fenêtre météo en ce début du mois de juillet.

Nous faisons beaucoup de moteur car il n'y a pas de vent.

La météo est très correcte et nous faisons route directe vers la baie de Quiberon.

Nous croisons enfin des baleines dans le golfe de Gascogne. Ce sont des ziphius avec leurs petits ailerons. Nous voyons beaucoup de dauphins.

C'est une zone avec beaucoup de trafic, nous traversons "l'autoroute" des cargos faisants routes entre le rail d'Ouessant et celui du cap Finisterre. Puis sur la zone de remontée des fonds au large de la France, nous croisons beaucoup de pêcheurs...ça sent bon l'arrivée!

Dauphins golfe de Gascogne

Convoyage Arzal

Enfin par un beau matin de 04 juillet 2021, nous apercevons Belle île ! Nous sommes heureux. J'avais envisagé éventuellement de faire un mouillage si la marée ne nous permettrait pas de remonter la Vilaine avant la nuit...mais ce n'est pas le cas !

Nous arrivons à l'embouchure en milieu de journée et pouvons faire le remontée de la rivière avec le courant...de toutes façons nous sommes contents d'en terminer !

Et puis mes équipiers ont déjà passé beaucoup de temps et ont leurs impératifs. C'est très bien comme ça. Malheureusement il y a la cohue dans l'écluse à Arzal en ce mois de juillet.

J'observe des comportements de gens qui ne sont pas des marins, ça tamponne! Le vent s'est levé et le courant traversier est fort..j'observe devant nous 2 voiliers qui ratent totalement leur manœuvre car l'écluse étant déjà bien remplie, il faut arriver à petite vitesse ce qui explique qu'ils sont pris de travers par le courant, raclant leurs coques...

Heureusement il y a des pontons d'attente en aval du barrage. Je décide de m'y amarrer sagement et nous attendrons le lendemain matin car le vent se renforce. Je sais que le lendemain matin il y a un éclusage prévu de bonne heure. Le vent sera tombé et nous serons sans doute les seuls dans le sens de la montée....

C'est une décision difficile à accepter par mes équipiers. Eux sont focalisés par le fait de terminer le parcours et de faire la fête. Oui mais moi mon but c'est de préserver le bateau jusqu'au bout. Nous sommes amarrés et avons accès à terre donc pas de problème...

L'être humain est ainsi fait que j'ai souvent remarqué qu'en fin de longue traversée, lorsque le but approche, les fatigues, angoisses, attentes peuvent se manifester alors par des mouvements d'humeurs...il y a une sorte de décharge d'adrénaline et j'ai souvent observé que plus on approche de la fin plus c'est là qu'on a le plus de chance de commettre des erreurs ! L'impatience peut faire oublier que même à quelques mètres du port il faut encore être vigilant tant que le bateau n'est pas amarré !

Je reste inflexible et les conditions de vent (25 noeuds travers à l'écluse) lors du dernier éclusage de la soirée me conforte dans ma prise de décision, malgré les protestations d'un de mes équipiers et du propriétaire présent qui malheureusement ne respecte pas mon statut de skipper. A-t-il conscience que je viens de faire 4600 milles dont 3000 milles avec un bas-hauban défectueux ? Pourtant je lui ramène son bateau en bon état.

C'est bien le lendemain 05 juillet au matin que je me présente dans l'écluse...il n'y a pas un souffle d'air et nous sommes seuls ...

Enfin nous nous amarrons au ponton d'accueil et voilà c'est fini.

 

 

 

Convoyage skipper professionnel

C'est une belle aventure qui prend fin. L'OVNI 375 est un excellent voilier de voyage. nous aurons vécu 42 jours de traversée depuis le Mexique, plus 4 jours de mouillage à Cuba et 6 jours d'escales à Terceira.

52 jours c'est un peu long mais les conditions de vent ont été globalement faibles et puis il y a eu la nécessité de naviguer sous-toilé à cause d'un manque d'entretien du bateau avant le départ ayant causé la détérioration du bas-hauban.

C'est donc un temps de parcours honnête et une superbe expérience...à suivre 

 

Contact :

Mr Retaux Ludovic 

tel : 0622929084

e-mail : aronde31@gmail.com

Comment m'engager pour convoyer votre voilier :
http://www.skipper-croisieres-services.weonea.com/page/75504

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